DE 1859 A 1952

 

Ferdinand-Sigismond Bach naît à Stuttgart le 15 août 1859.

Son père, Charles-Henri Bach (1811-1870) est le fils illégitime de Jérôme Bonaparte, roi de Wesphalie. Capitaine d’armée, il est d’après son entourage, un chef de famille peu communicatif et souvent absent. Ainsi, il fait de longs voyages en France où il a vécu pendant sa jeunesse. A ses retours au foyer familial, son habitude est, paraît-il, de s’enfermer dans son cabinet de travail pour remplir ses carnets de croquis de dessins et d’aquarelles.

La mère de Ferdinand, Sabina Ludovica de Stetten (1817-1904) est la seconde épouse de Charles-Henri. Fille du baron Ferdinand-Sigismond de Stetten, qui s’est battu pendant près de quinze ans contre Napoléon, elle demande à son mari qu’il ne fasse pas valoir ses droits auprès des Bonaparte. Mme Bach semble être une femme sensible, très attachée à l’Empire germanique et aux traditions. Elle apparaît très proche de sa famille et veille particulièrement aux liens qui la composent.

Peu de temps après la naissance de leur fils, le couple Bach quitte Stuttgart pour Louisbourg où Charles-Henri dirige le bureau royal de la topographie, ce qui le contraint à faire de fréquents déplacements. Chaque année la famille séjourne en France, à Paris, au Palais Royal, ou à Saint-Cloud. Le jeune Ferdinand, doué pour le dessin, s’amuse dès lors à fixer sur le papier les traits saillants des nombreuses personnalités qu’il rencontre. Rapidement il prend plaisir à s’instruire au contact de cet univers de chefs d’Etat, d’hommes de lettres et d’artistes. La France devient pour lui une patrie spirituelle.

A la mort soudaine de Charles-Henri, le 15 décembre 1870, Ferdinand entre au lycée de Stuttgart. Son amour " un peu trop fort " pour la France, dé-fini comme tel par ses amis allemands, alimente des querelles avec ses professeurs. Mme Bach se résout alors à envoyer son fils poursuivre ses études à Paris, comme le souhaitait son mari. Pendant deux ans, il partage son temps entre l’Institut Gentillet, les cours d’Ernest Renan et l’Académie de peinture de Colarrossi. Il en profite également pour parcourir la capitale, ses musées et ses bibliothèques.

Passionné de voyages, il part à Munich pendant l’hiver 1876 jusqu’au printemps suivant. Il est pris en main par Henric Brown, un artiste marginal, qui lui fait découvrir l’architecture et la peinture.

Plus tard, il décide, de parcourir le Tyrol à pied pour gagner Venise où il veut séjourner un an. Fortement impressionné par sa rencontre avec Richard Wagner, il fait du compositeur un portrait saisissant qu’il considère comme un des moments les plus marquants de son séjour dans la ville italienne. Il continue à parcourir le pays jusqu’en 1880, voyage indispensable pour parfaire son éducation.

De retour à Paris, Ferdinand découvre la société intellectuelle de l’époque, grâce à Arsène Houssaye, un vieil ami de son père. Il rencontre Victor Hugo, Théodore de Banville, Villiers de l’Isle Adam … dont il fait des caricatures annotées. Albert Robida, directeur de La Caricature, reconnaît alors le talent de ce jeune artiste et l’engage. C’est à cette époque qu’il francise son nom pour Bac. Il collabore alors très vite à d’autres revues telles que L’Art et la Mode, Le Monde illustré, ou La Vie parisienne. Son succès grandissant lui permet d’illustrer des nouvelles de Maupassant, des poésies de Maurice Rollinat, des contes de Villiers de l’Isle Adam, et même d’exécuter les décors d’un ballet des Folies-Bergère. Néanmoins, il regrettera plus tard d’avoir perdu une partie de son art de peindre appris dans les ateliers, au profit de " cette production médiocre " d’humoriste.

Ferdinand Bac n’abandonne pas les voyages. Il part pour l’Espagne, pour la Hollande, pour l’Italie puis pour l’Allemagne, et y séjourne plus ou moins longtemps. Cela lui donne de l’inspiration pour ses livres. En effet, lancé dans une carrière d’écrivain, il aime décrire le climat historique et politique des villes dans lesquelles il situe les intrigues de ses romans. Amateur d’essais historiques, il se plaît également à commenter la vie des personnalités de la Cour qu’il côtoyait pendant son enfance.

 

En 1908, malade, il doit quitter Paris pour Versailles. Il choisit alors ses amis, ses sorties et les décors dans lesquels il veut évoluer. N’appartenant à aucun mouvement littéraire, il fréquente les salons les plus divers, comme ceux de Mme de Chabrillan ou de la comtesse de Chevigné. Il y rencontre Marcel Proust, Cocteau, Gabriele d’Annunzio et Anna de Noailles, ou encore Abel Bonnard, le comte Primoli et Aristide Briand. A cette époque, Jules Massenet, Louis Bertrand, Jules Cambon et Gabriel Hanotaux comptent parmi ses amis les plus intimes.

Les prescriptions du médecin obligent Ferdinand Bac à passer ses hivers dans le midi de la France. Il se rapproche alors de Marie-Thérèse de Chevigné, la jeune veuve Bischoffeim, et de sa fille Marie-Laure, future Mme de Noailles. Remariée à Francis de Croisset, Marie-Thérèse de Chevigné conserve son amitié pour Ferdinand Bac. Naturellement elle lui demande des conseils pour le jardin de sa propriété de Grasse. Enthousiasmé par ce projet nouveau pour lui, F. Bac se lance dans une nouvelle carrière, celle de créateur de jardins. Prenant son rôle très au sérieux, il se rebaptise Hortensius dans toutes les lettres qu’il envoie à Mme de Croisset à partir de 1911. Les travaux de la Villa Croisset débutent en 1912.

Sur la Côte d’azur F. Bac réside aux Néfliers, une propriété si-tuée au Can-net. Il peut ainsi s’éloigner des mondanités et se réfugier dans la solitude propice à son inspiration. En 1917, il préfère déménager aux Collinettes, sur les hauteurs de Nice, dans une petite maison louée.

La Villa Croisset presque terminée, la comtesse de Beauchamp lui demande de travailler à la transformation de sa villa, La Fiorentina, au Cap Ferrat. Ce nouveau défi ne l’empêche pas de poursuivre sa carrière d’écrivain avec le premier volume des Intimités de la IIIème République. Le cadre magnifique de St Jean Cap Ferrat, permet à F. Bac de créer un jardin à plusieurs niveaux, qui aboutissent eux-mêmes à la mer. L’influence des pays méditerranéens est déjà très présente.

 

A 60 ans, de moins en moins souvent à Versailles, Ferdinand emménage dans un superbe hôtel particulier de Compiègne appartenant à un vieil ami à lui, Emile Ladan-Bockairy. Rapidement celui-ci lui demande de dessiner de nouveaux jardins. La propriété étant séparée en deux par les remparts de la vieille ville, F. Bac en profite pour réaliser deux jardins de style différent, qui se complètent visuellement par de jolies perspectives.

La famille Ladan-Bockairy acquiert à la même époque une propriété à Menton, route de Garavan, nommée Les Colombières. Ferdinand Bac se lance dans les travaux pendant l’hiver 1920. Parti de la propriété délabrée du philosophe Alfred Fouillée, mort en 1912, il transforme complètement le domaine en une villa somptueuse de style méditerranéen. L’ensemble s’épanouit dans un jardin parfaitement dessiné, où chaque parterre est inspiré par l’architecture d’un pays de la Méditerranée. La propriété terminée en 1925, F. Bac publie un " manuel " descriptif intitulé Les Colombières. La même année, il écrit Jardins Enchantés, un romancero illustré de planches en couleurs qui semble dévoiler la théorie de son art.

Jusqu’à la fin de sa vie, Ferdinand Bac continue de voyager, d’écrire, de dessiner, réflechissant sur le devenir poli-tique et historique du mon-de. A près de 80 ans, il effectue encore trois heures de correspondance par jour, ses connaissances et ses amis attendant ses conseils .

Son esprit toujours vif, lui permet de dessiner et de commenter les livres qu’on lui envoie. Pourtant inquiet dès ses 50 ans à l’idée de mourir trop jeune, il s’applique à laisser une partie de son travail dans de nombreux musées et bibliothèques (Bibliothèque de Arsenal à Paris, Bibliothèque Municipale à Menton, Bibliothèque Cessole à Nice). Chaque papier est annoté de sa main laissant ainsi une trace pour la postérité qui saura reconnaître son talent.

Le 17 novembre 1952, quatre jours après le décès d’Emile Ladan-Bockairy, Ferdinand Bac s’éteint à l’âge de 93 ans. A son chevet, Jean Barberie, recueille les dernières pensées d’un grand homme.